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LE PIETON DE PARIS
29 juillet 2011

LE SQUARE DE MONTHOLON

  Je vous propose de découvrir ce  petit square du IXéme arrondissement de Paris se trouvant à l'angle de la rue Lafayette et de la rue Mayran . 

   df     450px-La_Sainte_Catherine-Lorieux    610,1000 - Copie   

  La construction du Square de Montholon  commence en 1862, pour un coût de 160 000 francs de l'époque, lors du percement de la rue La Fayette . Il sera achevée par Jean-Charles Alphand 1817-1891 , ingénieur des Ponts et Chaussées chargé de l'embellissement de Paris , à qui l'on doit entre autres la construction du parc des Buttes-Chaumont , du parc Monceau et du parc Montsouris . Le square est ouvert en 1863. D'une superficie de 4 571 m2, il est entouré de grilles de style Louis-Philippe et comprend deux terrasses. Deux platanes d'orient centenaires de 30 m de haut sont plantés dans la pelouse centrale. Le square faisait partie des jardins de l'hôtel particulier de Charles Henri Sanson 1739-1806, le bourreau de Paris et deuxième du nom . A l'époque où ce quartier ne s'appelait  pas encore " La Nouvelle France " , Charles Henri Sanson fit l'acquisition d'une maison à l'angle de la rue d'Enfer (rue Bleue) et la rue des  Poissonniers (faubourg Poissonnière) qui s'étendait jusqu'à l'actuel square Montholon, occupant les actuelles  rues Papillon et Ribouté . On a donné le nom de square de Montholon afin d'honorer la mémoire de de Nicolas de Montholon 1736-1789 , conseiller à la Chambre des enquêtes en 1761 , premier président du parlement de Metz en 1765 puis de celui de Nomandie en 1775 et dont l'hôtel particulier était situé sur le faubourg Poissonnière . Son hôtel est encore visible 23, boulevard Poissonnière. Réaménagé sur dalle en 1984, après la création d’un parking souterrain. Il ne subsiste d’origine que les grilles en fonte et deux grands platanes d’Orient. Cedrela, érable cappadocicum dans le square .

 

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   Jean-Charles Alphand    Charles Henri Sanson    Nicolas de Montholon

   La pelouse centrale héberge deux platanes d'Orient centenaire, d'une hauteur de 30 mètres environ, ainsi qu'un groupe en marbre de Julien Lorieux  intitulé La Sainte-Catherine - L'Ouvrière parisienneCet artiste est élève de Falguiere et de Mercié aux Beaux Arts , il remporte deux grands prix de Rome, en gravure et en médailles . Outre des bustes et des médailles , il expose au Salon, en 1913, son oeuvre capitale, La Sainte Catherine - L'Ouvrière parisienne  (1908)  est un groupe en marbre qui sera acheté par la ville de Paris et qui fera l'objet d'une réduction éditée en bronze. Il est aussi l'auteur d'un groupe en marbre, La Chute des feuilles ( Salon de 1907), placé dans un parc de Mont-de-Marsan. Le musée du Petit Palais à Paris possède un bronze haut de 49,5cm représentant un couple s'embrassant et intitulé Printemps (1909 ) . Julien Morieux né à Paris en 1876 meurt  prépaturément à Toul en 1915 .

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  Cette sculpture composée en 1908 et achetée par la Ville de Paris en 1913 représente cinq jeunes femmes fêtant joyeusement la Sainte-Catherine Elle n’est mise en place qu’en 1923 . L'oeuvre évoque la tradition qui consiste, pour les jeunes filles célibataires de plus de 25 ans, à porter un chapeau le jour de la sainte Catherine . Le Square Montholon a été chanté en 1923 par Adolphe Bérard et plus récemment dans la chanson " Marine " de Vincent Delerm (sur l'album Les Piqures d'Araignées) . A proximité du square Monthiolon se trouvait le siège de Hara-Kiri et Charlie Hebdo .

  La Sainte Catherine et les " Catherinettes "

  Cette célébration (tous les 25 novembre), populaire dans les villes depuis la fin du 19e s. était alors considérée comme la fête de la jeunesse féminine. Les jeunes filles de 25 ans encore célibataires se coiffaient d’un chapeau fait pour l’occasion, orné de rubans verts et jaunes , le jaune symbolisant la Foi et le vert, la connaissance et parfois de fleurs d’oranger . Ce célibat « tardif » touchait surtout les milieux modestes, comme en particulier les couturières et les modistes (fabricant les chapeaux) pour qui l’événement devint une véritable fête corporative. Avec l’avènement de l’industrialisation, les jeunes femmes étaient de plus en plus nombreuses à devoir travailler pour subvenir à leurs besoins ; elles portaient des costumes tailleurs, vêtements sobres de tissu uni, à la coupe simple et pratique particulièrement adaptée à la vie active et urbaine. La fête se déroulait sur les lieux du travail féminin (ateliers de couturières, magasins de nouveautés, etc.), puis débordait sur l’espace public de la rue – comme cela semble être le cas dans l’œuvre : elles semblent être prises sur le vif dans une course folle – avant d’assister au bal, ultime chance pour la catherinette de trouver un mari .

       stc1        Maman en Catherinette        Catherinettes,_Paris,_1909                                                                                                                                      Catherinettes en 1920

        Sainte Catherine d'Alexandrie , protectrice des filles célibataires 

  Catherine est originaire d'une famille noble d' Alexandrie , elles est la fille de Constus, le gouverneur d'Alexandrie, en Egypte, durant le règne de l'empereur Maximien (305-313) , elle se convertit au christianisme à la suite d'une vision. L'empereur Maxence, qui persécutait les chrétiens, lui proposa de renoncer à sa foi en échange d'un mariage royal. Catherine refuse et allégua qu' elle avait contracté avec le Christ un mariage mystique. On raconte qu'elle tint tête à toute une armée de philosophes qui lui avaient été envoyés pour lui démontrer la fausseté de sa foi et réussi même à les convertir. L'empereur la condamna à mourir du supplice de la roue. La légende dit que la roue se brisa miraculeusement et qu'elle fut donc décapitée vers l'année 310, un 25 novembre ... La vie de Sainte Catherine d'Alexandrie est tout à fait édifiante, puisque cette sainte fut à la fois vierge, martyre et docteur de l' Église, ce qui lui vaut d'être représentée avec 3 auréoles : la blanche des vierges , la rouge des martyres et la verte des docteurs . Le culte de sainte Catherine d'Alexandrie ne se répandit qu'après les Croisades . Ses reliques sont vénérées au Monastère Sainte-Catherine du Sinaï .

 

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             Catherine d'Alexandrie                 Monastère Sainte Catherine

  Son refus de se marier explique tout naturellement pourquoi Sainte Catherine est la patronne des filles célibataires. L'expression "coiffer Sainte Catherine" qui signifie ne pas être mariée l'année de ses 25 ans s'explique par une tradition qui remonte au XVIème siècle . En effet, à cette époque, on renouvelait la coiffure de la statue de la sainte dans les églises, et c'était les jeunes femmes célibataires entre 25 et 35 ans qui se chargeaient de cette tâche . Il faut savoir que les hommes célibataires ont eux aussi leur saint patron en la personne de Saint Nicolas : en effet, tout comme on, dit "coiffer Sainte Catherine" pour les filles, on dit "porter la crosse de saint Nicolas" pour les garçons...

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  La fête de la Sainte Catherine a en effet été choisie en 1920 par les créatrices de mode et les couturières pour démontrer leur savoir faire et confectionner des chapeaux et des tenues fantaisistes. A Paris, dans le 2e arrondissement, un grand cortège se formait dans la rue et les modistes défilaient joyeusement, tandis que chaque catherinette allait courageusement mettre une couronne sur la statue de Sainte Catherine à l'angle de la rue Cléry, accessible par une échelle de pompier. Un jury désignait ensuite le chapeau le plus réussi. 

    

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                                                    Rue de Cléry

  La catherinette est toujours à l'honneur aujourd'hui mais la recherche d'un mari n'est plus vraiment d'actualité. En effet les femmes se marient de plus en plus tard, et ne pas être « casée » à 25 ans est loin d'être inhabituel. En outre la stigmatisation des femmes célibataires n'est plus de mise à notre époque, où l'émancipation des femmes a beaucoup progressé et alors que beaucoup de couples vivent en dehors des sacrements du mariage. La fête de la Sainte Catherine est surtout l'occasion de se moquer gentiment des jeunes femmes célibataires de plus de 25 ans, et de les affubler de chapeaux fantaisistes . 

   

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Commentaires
P
Superbe, ce reportage sur les Catherinettes!La fête a du mal à se perpétuer, vu le nombres de modistes restantes.et quid des chapelières? Quand au Montholon c'est un grand square qu'il faudrait imaginer SANS voiture sur cette autoroute qu'a toujours été la rue Lafayette... Faites donc relâche au mois d'aout, mon ami! Allez donc exercer vos talents de piéton à Malo Les Bains, ou sur la cote normande où l'on parle le parisien parfait!<br /> bravo!
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