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LE PIETON DE PARIS
15 novembre 2011

LE PALAIS DE LA FEMME

  Aujourd'hui nous allons découvrir ensemble la passionnante histoire du Palais de la Femme . C'est un magnifique édifice ,  construit en 1910  en pierres meulières et en briques roses , que l'on peut admirer à l'angle du 94 de la rue de Charonne et la rue de Faidherbe dans le XIIème arrondissement . 

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                                                Palais de la Femme                                                

  Cette ancienne chaussée conduisant de Paris au village de Charonne , commença à être bâtie et à devenir une rue au début du XVIIème siècle . Le bâtiment actuel est construit à l’emplacement de l’ancien couvent des Filles-de-la-Croix , une communauté dominicaine qui s'était établie ici en 1641 sur un vaste domaine de quarante-deux hectares . 

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                                                Le Palais de la Femme 

     Le Couvent des Filles-de-la-Croix

 C'est le plus ancien des quatre couvents tenus par les Filles-de-la-Croix ( les trois autres étant ceux de la rue Saint-Antoine , de la rue des Tournelles , et celui de la rue des Barres ) . La maison mère de ces Dominicaines était le couvent des Filles-Saint-Thomas , fondé en 1626 à Paris par Anne de Caumont . Sa supérieure , la mère Marguerite de Jésus ( Mlle de Sénaux ) fonda sous le nom de Filles-de-la-Croix , une filiale de ce couvent qu'elle installa ici en 1641 dans une propriété donnée par Charlotte-Marie , la fille du maréchal Antoine Coëffier de Ruzé d'Effiat , lorsque cette dernière pris le voile et entra chez les dominicaines . Ce monastère bien situé , bien bâti couvrait 42 hectares . Il disposait d'un jardin spacieux et agréable . Son portail avait été construit aux frais de Jean Coëffier Ruzé d'Effiat , abbé de Saint-Sernin de Toulouse et frère de la quasi-fondatrice . Sa chapelle construite en 1705 le long de la rue de Charonne était richement ornée . Parmi les personnes qui y furent inhumées en plus de sa fondatrice , Marguerite de Sénaux en 1657 , peut-être l'écrivain Cyrano de Bergerac mort à l'âge de 36 ans ( sa tante , Catherine de Cyrano , était alors la prieure de ce monastère ) . Fervent lecteur, il reposerait « sous le meuble du fond de la Bibliothèque. » , le comte de Pagan , ingénieur militaire , le maréchal Ferdiand Marchin et sa mère une Balzac d'Entrague qui veuve s'était retirée dans ce couvent où elle avait vécu pendant 18 ans . 

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 Monastère des Dominicaines    Maréchal  Ruzé d'Effiat      Cyrano de Bergerac 

 Les Dominicaines expulsées en 1792 recouvrèrent leur bâtiment conventuel , mais en théorie seulement car leur couvent , devenu propriété nationale , avait été loué par les domaines . On y trouve comme locataire : un épicier , des services e l'adminsitration de la Guerre ( une fabrique d'éperons , un magasin d'habillement et un magasin à fourrage ) , un entrepreneur de pompes funèbres , des jardiniers , une sénatorerie  . De ce fait les Dominicaines dont la communauté avait été rétablie en 1806  durent continuer à habiter un modeste logis rue des Amandiers-Popincourt jusqu'en 1825 , année où elles purent réintégrer , comme locataire , leur ancienne maison . Leur couvent amputé en 1888 par le percement des rues Faidherbe , Jean Macé et Chanzy fut fermé en 1904 , en application des lois relatives à la suppression de l'enseignement congréganiste , bien que cette communauté était purement contemplative !!! Les religieuses furent , une fois de plus expulsées et leur monastère vendu fut démoli en 1906 . On a cherché en vain dans son ancien cimetière la sépulture de Cyrano de Bergerac  !!! 

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                            Couvent des Filles-de-la-Croix 

 De 1904 à 1910, le terrain de l'ancien couvent des Filles-de-la-Croix reste inoccupé . En 1910, les architectes Labussière et Longerey édifient pour la Fondation "Groupe des Maisons Ouvrières" un "hôtel populaire pour hommes célibataires", le premier du genre en France. L’édifice comprend alors sept cent quarante trois chambres, sur une surface au sol de plus de trois mille sept cent mètres carrés . En 1914, la Grande Guerre vide la population du foyer constitué d'hommes célibataires appelés à se battre. Le bâtiment devient, provisoirement, un hôpital de guerre. L'armistice de 1919 est l'occasion pour le Ministère des Pensions d'y installer ses bureaux, qu'il déménagera dès 1924 . 

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                                              Palais de la Femme    

  Particulièrement sensibilisée à la précarité à laquelle sont livrées les jeunes femmes seules, l’Armée du Salut veut racheter le bâtiment. Albin Peyron, chef de l’Armée du Salut en France, est un homme entreprenant. Pour réunir les trois millions cinq cents mille francs-or nécessaires à l’acquisition, soit un peu plus de onze millions de francs papier de l’époque, il lance, en janvier 1926, une grande campagne de souscription . Secondé par son épouse Blanche Peyron, il constitue un Comité d’honneur. Le Président de la République, Gaston Doumergue, accorde son haut patronage. De Paris et de province, les dons affluent. Un don de mille francs permet l’aménagement d’une chambrette d’environ neuf mètres carrés, qui sera louée cent, cent vingt ou cent cinquante francs par mois. Les donateurs peuvent faire apposer leur nom ou une exhortation sur les portes des chambres . L’inauguration a lieu le 23 juin 1926 . Depuis 1926, le but premier du Palais de la femme n'a pas changé : offrir un lieu sûr et un havre de paix qui accueille des jeunes filles et femmes seules. C'est ce que cet établissement va faire tout au long du XXème siècle et ce qu'il continue à faire aujourd'hui . 

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                                                  Palais de la Femme    

  Deux ans après la fin de ses travaux de réhabilitation, le Palais de la Femme inaugure son bâtiment entièrement réhabilité, le 27  juin 2011 . Cette métamorphose a permis la mise en conformité avec les normes de sécurité et surtout la création de chambres individuelles toutes dotées de sanitaires. Des espaces collectifs telles une salle de sport et une bibliothèque permettent par ailleurs de créer de la vie au sein de l’établissement. Cette réhabilitation, menée par Immobilière 3F, a été financée conjointement par le Conseil régional d’Île-de-France, la Ville de Paris, l'Etat , les collecteurs d’Action Logement et les donateurs de la Fondation de l’Armée du Salut. 350 femmes, dont 20 avec enfants, sont aujourd’hui accueillies dans l’établissement . Souhaitons longue vie à cet établissement , surtout à une époque où , plus que jamais , de nombreuses femmes se retrouvent seules dans des situations désespérées !!! 

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Commentaires
S
Merci pour votre aimable courriel. Je reviens et reviendrai avec plaisir visiter votre univers de… piéton. Un piéton très érudit. C'est agréable d'apprendre avec vos articles. Merci pour ce partage, qui doit vous prendre tout de même beaucoup de temps.<br /> Bonne fêtes.
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