Je vous propose aujourd'hui de découvrir la passionnante histoire du " Palais du Commerce " , que certainement , vous n'avez pas manqué de remarquer au 105 de la rue du Faubourg-du-Temple .
Le Palais du Commerce
La rue du Faubourg-du-Temple
Ce très ancien chemin conduisant à Belleville , avait été ouvert d'un clos appelé au XIIème siècle , Malevart , propriété en 1175 du chapitre Saint-Merri . Il devint rapidement la principale rue du faubourg de Paris . Il commença à se former sous Henri IV et Louis XII , au-delà de la porte du Temple , de l'enceinte de Charles V , situé à l'angle actuel de nos rues du Temple et de Meslay . Construite vers 1380 , protégée par un large fossé et un bastion extérieur , cette porte fut démolie à partir de 1678 , lorsque commença la construction du boulevard du Temple . La création de la place du Château-d'Eau au début du XIXème siècle puis de celle de la République à partir de 1856 l'a amputé de son commencement .
Plan du XIVème siècle Plan de 1780 La Porte du Temple
L'îlot compris entre les rues du Faubourg-du-Temple , Saint-Maur et de la Fontaine-au-Roi , aux environs de notre rue Goncourt , une petite agglomération de cabarets très fréquentés au début de la Régence . On l'appelait la " Basse-Courtille " ou Courtille du Temple du nom d'un vieux mot picard " courti " , signifiant un jardin champêtre . La " Haue-Courtille " quant à elle , se trouvait à Belleville . Elle était située au-delà du mur des Fermiers généraux de 1788 .
La Basse-Courtille Le cabaret Ramponeau La descente de la courtille
Le Palais du Commerce
Ce " Palais "de style Art déco est une Galerie Marchande à un seul accès construit de 1923 à 1924 par l'architecte Ferdinand Bauguil pour Théo Cremnitz, promoteur de cet ensemble de "magasins d'exposition" . Au fond d'un couloir central se trouvait deux escaliers pour atteindre les étages à doubles balcons , reliés à deux endroits sur chaque étage . L'édifice en béton armé est constitué d'un rez-de-chaussée et de deux niveaux ouverts sur des coursives et éclairé par ses planchers et plafonds pavés de verre et par une verrière colorée en fond de galerie pour éclairer l"intérieur du bâtiment .
Le Palais du Commerce
Il abrite en 1925 une cinquantaine de magasins, d’ateliers , le syndicat des coiffeurs parisiens et le célèbre bal-musette La Java où Maurice Chevalier , Piaf , Fréhel , Jean Gabin , etc . feront leurs débuts contre un plat de lentille et quelques sous . Le vin n’y est pas cher et la scène , sur roulettes , recule au fur et à mesure de l’arrivée des danseurs . Aujourd'hui le Palais abrite dans les deux étages une dizaine de bureaux de différentes sociétés privées et d'ateliers de peintres . Au sous-sol se trouve toujours l'ancienne salle de bal musette "La Java" , transformée aujourd'hui en club parisien " branché " jouissant d'une programmation riche et très éclectique . Le bâtiment est inscrit dans les répertoires supplémentaires des Monuments Historiques . Le Palais du Commerce est une propriété privée de la Société Civile Immoblilère " Galerie du 105 faubourg du Temple " .
Frehel Maurice Chevalier Edith Piaf
La Java
La java est la danse la plus typique du répertoire du musette. Elle est d'origine populaire apparue dans les années 1930 à Paris chez les accordéonistes de la rue de Lappe . Le mot est dérivé du nom de l'île de Java . En revanche , dans le Dictionnaire culturel en langue française de 1922 , on mentionne seulement l'argot "faire la java" : danser en remuant les épaules . L'origine du mot Java est inconnu . Sans rapport avec l'île de Java , il est peut-être une corruption supposée auvergnate de ça va en cha va, java ....
Django Reinhardt aussi fréquente La Java , on dit même que c’est là qu’il rencontra le jazz et l’accordéon et que le manouche musette fit son apparition . Mais, comme bon nombre de lieux , ce dancing réputé des faubourgs, haut lieu des canailles et des bourgeois de la capitale , qui viennent y trouver ensemble l’amour et la joie , ce temple d’un Musette trop léger pour la saison, doit fermer le 19 mai 1940 et Mme Gondal (Léontine-Charlotte) , l’antique gérante , cède son fond de commerce en 1943 . La salle ré-ouvre alors et son histoire jusqu’en 1968 est plutôt méconnue , toujours salle de danse , de jeux, de rencontres… On dit même que Jacques Mesrine fréquentait assidûment La Java .Sa programmation semble toujours et encore axée sur une musique populaire, bon enfant, dédiée en particulier aux fanatiques de la valse en mineur et de la java .
" LA JAVA "
En mai 1968 Jacques Morino reprend ce rendez-vous des « toupilleurs » (qui tournent, qui tournent, qui tournent,…), et en change le nom La Java (de prestigieuse mémoire…) prend pour un temps le nom d’un non moins prestigieux accordéoniste, qui en devient le chef d’orchestre : Augusto Baldi. Les amplificateurs font leur entrée sur scène et avec eux le rock’n’roll . Des travaux d’insonorisation sont effectués , et dans les années 80 La Java ,toujours en gardant sont esprit musette de quartier, devient un haut lieu des soirées "underground" avec les mythiques "Acid Rendez Vous" et "La Sardine" . C’est au tour des années 90 de faire entrer la world music par la grande porte : La Java deviendra pendant 10 ans le temple de la salsa . En mai 2006, la nouvelle équipe reprend les rênes de l’établissement .Tout en s’attachant à garder l’âme du lieu, elle en fait une salle typiquement parisienne appréciée des clubbers et des fans de musiques urbaines .
La Java de Cezigue
J'ai commencé à lire votre article, passionnant comme toujours, et je m'interroge: n'en manque-t-il pas un morceau? Il s'arrête après les trois photos intitulées "la Basse Courtille", "Le Cabaret Ramponeau" et "La descente de la Courtille".
J'ai hâte de connaître la suite...
Dans l'attente de lire le reste, je vous adresse mes plus amicales pensées.
Cendrine