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  Saviez vous qu'il existe encore à Paris une ancienne vespasienne . Elle se trouve Boulevard Arago face au mur d'enceinte de la prison de la Santé . Je me propose de vous faire découvrir l'histoire des ces édicules publics , nombreux au siècle passé , et qui  ont été remplacés par souci d'hygiène par les " Sanisettes "  que nous connaissons aujourd'hui ! 

  La vespasienne doit son nom à l'empereur romain Vespasien . Vespasianus Augustus) (17 novembre 9 – † 23 juin 79) est empereur romain de 69 à 79. Il est le fondateur de la dynastie des Flaviens qui règnent sur l'Empire de 69 à 96. Ses fils Titus, puis Domitien lui succèdent . Il participera à la réorganisation et au rétablissement de l'ordre et de la paix au sein de l'Empire romain . Dans de nombreuses villes romaines, il y avait des toilettes publiques à l'air libre avec un degré minimal de respect de la vie privée , c'est le moins que l'on puisse dire !!! Ces installations étaient généralement un peu rectangulaires en forme de chambres (quelques sièges jusqu'à 100 personnes) . Disposés le long de plusieurs des parois de ces chambres étaient des bancs de pierre longues . Sous ces sièges percés coulait de l'eau qui dirigeait les excréments vers des citernes  ou des égouts . Une éponge au bout d'un long bâton servait de papier hygiénique. L'empereur Vespasien avait également fait disséminer dans Rome de grandes urnes d’argile dont le public pouvait faire usage pour effectuer leurs besoins naturels . 

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   Empereur Vespasien            Aureus Vespasien               Toilettes communes à Rome 

  L'empereur Vespasien , étendit le " Chrysagyre " , qui était un impôt spécial atteignant l'industrie et le commerce , au produit des urinoirs de la ville  , qui était décanté et stocké dans des citernes afin d'être vendu à la guilde des foulons . Les foulons étaient les " nettoyeurs à sec " de Rome , ils avaient découvert que l'ammoniaque présente dans l'urine avait des propriétés de nettoyage . Le travail des foulons consistait aussi bien à apprêter la laine vierge pour en faire du drap qu'à nettoyer les vêtements déjà portés . La laine était foulée aux pieds avant le filage et après le tissage dans de l'eau salée, dans de l'eau additionnée de carbonate de soude ou de potasse voire dans de l'urine animale ou humaine . Le chrysargyre était payable tous les quatre ans par tous les chefs de famille, au prorata des personnes vivants sous leur toit , même des animaux (chiens, ânes, bêtes de trait, etc.…) qui pourtant n’utilisaient pas les dites urnes !!! Titus le fils de l'empereur protestat contre cette nouvelle taxe et en poussant une pièce de monnaie sous son nez , Vespasien lui a rappelé que  " l'or n'a pas d'odeur " . Phrase proverbiale , légèrement modifié au cours du temps , et qui nous est parvenue sous la forme de : " l'argent n'a pas d'odeur " !!! L'empire romain a toujours été très soucieux de l'hygiène ( Thermes , vespasiennes , crémation des corps etc. )

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                                    " Fullonica " romain - Cuve des foulons 

   A Paris , comme dans toutes les grandes villes du royaume , par édit royal il était interdit de satisfaire à ses besoins naturels n'importe où dans les rues . Inutile de vous dire que cet édit restera lettre morte et que les rues de Paris restent toujours jonchées d'excréments nauséabonds de toutes sortes !!! Vers1763 , M. Gontran Peaupot, industriel dans le textile, avait soumis à Monsieur François de Laverdy , lieutenant de police, un projet sans doute emprunté à Swift qui , proposait de faire bâtir et entretenir des latrines publiques dans la cité de Londres . Le Français aussi voulait établir «des brouettes à demeure, à différents coins de rues, où il y aurait des lunettes qui se trouveraient prêtes à recevoir ceux que des besoins urgents presseraient tout à coup . Cette idée ne reçut pas l’accueil bienveillant auquel elle avait droit . Il faut attendre 1770 date à laquelle le lieutenant général de Police , monsieur Antoine de Sartine ( 1729-1801 ) , pris la décision de faire disposer des " barils d'aisances " à tous les coins de rue .  Les barils de M. de Sartines obtinrent un succès mérité; mais on trouva, non sans raison, qu’il n’avait pas songé à tout, et que sa pensée demandait à être complétée .Elle le fut vers 1780 .

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          Antoine de Sartine               Rue Brisemiche              Porteur d'eau 

  Un certain Gontran Peupot , industriel dans le textile , imagina une garde-robe ployante , sous laquelle se dissimulait un seau de bois sur lequel on pouvait s'asseoir et faire ses besoin en toute intimité . Il se promenait dans les rues en robe de chambre, tenant sous son bras sa garde-robe; de temps en temps il criait: «Chacun sait ce qu’il a à faire!» et il faisait payer quatre sous par séance !!! C’est un procédé à peu près analogue dont M. de Cadet de Gassicourt fut témoin à Vienne et qu'il décrit en ces termes : " Un usage fort bizarre consistait à entretenir la propreté dans les rues de Vienne. Quelques spéculateurs philanthropes avaient imaginé de se tenir près des places et des édifices publics , dans des lieux écartés, avec des seaux de bois couverts et un grand manteau. Le seau servait de siège, et le manteau, cerclé dans sa partie inférieure, s’éloignait assez du corps de celui qui le portrait, pour permettre au client de se débarrasser sans être vu des vêtements particuliers qu’il devait écarter. Deux kreutzers étaient le prix de cette location momentanée  " .

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            Rambuteau              Sépulture de Rambuteau        Edicule Rambuteau    

   Ensuite des édIcules publics furent introduits à Paris par le préfet de la Seine Claude-Philibert Barthelot , comte de Rambuteau ( 1781-1869 ) en 1834 . Claude-Philibert Barthelot, comte de Rambuteau, né à Mâcon (Saône-et-Loire) le 9 novembre 1781, mort à Charnay-lès-Mâcon (Saône-et-Loire) le 11 avril 1869 . Il repose au cimetière de Champgrenon, sur la commune de Charnay Les Macon . Haut fonctionnaire de la première moitié du XIXe siècle. Il a été conseiller d’État, pair de France et surtout préfet de la Seine de 1833 à 1848 .Il prend ses fonctions de préfet de la Seine après la dernière garnde épidémie de choléra qui fait en quelques jours 15 000 morts . C’est à ce titre qu’il a mis en place les premiers éléments de la transformation de Paris qu'allait achever le préfet Haussmann sous le Second Empire. Il en fait installer quatre cent soixante-dix-huit sur les trottoirs de la ville . Raillé par l’opposition, qui a bien vite baptisé l’édicule « colonne Rambuteau », ce dernier lance l’expression « colonne vespasienne », en mémoire de l’empereur Vespasien, à qui l’on avait attribué l’établissement d’urinoirs publics , à Rome . Les sobriquets se multiplient . A cette époque, l’affichage publique n’est pas réglementé et l’affichage de toute sorte de publicité à lieu sur des urinoirs dotés d’un panneau d’affichage à l’extérieur mais aussi sur les murs et les arbres. Cela sent mauvais,  et il faut donc régler ce problème d’hygiène: les « colonnes urinoirs » sont remplacées en 1868 par les Colonnes Morris pour l’affichage et par les vespasiennes pour les lieux d’aisances.

    urinoir avenue du maine      Urinoir des Halles      urinoir luxueux de la Madeleine

                           

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                                    Cabinet d'aisance 

           Urinoir kiosque à six stalles, place du Théatre Français entre 1858 et 1876        vespasienne chaussée de la Muette        bpiss75010      

                                              Edicules Rambuteau 

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                                                 Colonne Morris 

   Les sobriquets se multiplient , les "édicules Rambuteau” s’appelaient des pistières. Sans doute dans son enfance n’avait-il pas entendu l’o, et cela lui était resté. Il prononçait donc ce mot incorrectement mais perpétuellement » (Marcel Proust, Le Temps retrouvé, p. 749). Contemporains de Proust, des homosexuels du 16e arrondissement utilisaient le terme codé de baies, plus chic que l’argotique "tasses" . Le terme de " soupeur de tasse " désigne ainsi tout d'abord des individus qui éprouvent du plaisir à manger de la nourriture imbibée de l'urine d'autrui, notamment du pain abandonné volontairement dans des urinoirs publics puis récupéré pour être consommé (il était parfois attaché par une ficelle) !!! D'autres, plus populaires, les avaient baptisées Ginette. Celui de pissotière, en référence au « trou dans la muraille d’un navire pour laisser s’écouler l’eau de surface », est resté . Ces édicules étaient très souvent malodorante , d'une saleté répugnante et souvent un lieu de fréquentation pour le moins douteux !!! Ne manquez pas de visiter le remarquable site de Mariane Blidon sur l'histoire des Vespasiennes . 

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           La dernière vespasienne  Bd Arago         " Cimetière " des vespasiennes 

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                                                    Vespasiennes Parisiennes   

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    Vespasienne rue de l'Ourcq                  Vespasienne boulevard Montparnasse          

   Après plus d'un siècle d'exploitation, leur suppression a été votée au conseil municipal de Paris, en 1961. Les Parisiens se plaignaient, non pas du bruit ou de l'odeur mais des mauvaises fréquentations de l'endroit !!! Elles furent remplacées par les Sanisettes que nous connaissons aujourd'hui . Enfin la gente féminine pouvait satisfaire à ses besoins naturels !!! Les sanisettes sont des toilettes publiques désormais gratuites à entretien automatique installées pour la première fois à Paris dans les années 1980 par la société J.C. Decaux . La première sanisette a été ouverte le 10 novembre 19811. « Sanisette » est une marque commerciale déposée par la société J.C. Decaux . La première sanisette a été ouverte le 10 novembre 1981. En décembre 1981, il y en avait 59 en service .Le prix d'entrée des sanisettes avait été originellement fixé par délibération du Conseil de Paris du 20 octobre 1981 à un franc . Depuis le 15 février 2006, elles sont gratuite . La première sanisette de seconde génération a été posée au 1, avenue Stéphane-Mallarmé3. En 2010, il y a près de 400 sanisettes à Paris . 

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                                                     Sanisettes Decaux 

   De nouveaux urinoirs d'un "design" ultra moderne ont fait leur apparition depuis l'été 2012  quai de la Seine le long du Bassin de La Villette . Je leur reproche d'une part leur manque " d'intimité " et d'autre part ils ne sont pas adaptés aux personnes de petite taille qui doivent uriner sur la pointe des pieds !!! 

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                               Nouveaux urinoirs du quai de Seine 

   Que de progrès depuis les toilettes communes de Rome !!! Ne manquez pas d'aller dire un petit adieu à la dernière vespasienne parisienne , si vos pas vous conduisent boulevard Arago , car je pense que ses derniers jours sont comptés !!! 

  Voici une petite comptine , fort aimablement envoyé un lecteur de mon blog , louant les mérites des vespasiennes de Monsieur de Rambuteau !!! 

 

" Marquis de Rambuteau, j'aime ces labyrinthes

  Dont ta main a semé nos trottoirs.

  Leur front lumineux porte au sein des brouillards noirs

  Le nom des bodegas et des eucalypsinthes.

 

  Leurs murs sont diaprés du faîte jusqu'aux plinthes

  D'avis offerts gratis à d'amers désespoirs.

  Et c'est pourquoi j'entends, le long des réservoirs

  dans le gazouillement des eaux, monter des plaintes. 

 

  O l'anxieux regard du malade éperdu

  Quand il franchit ton seuil, temple du copahu.

  Moi j'en sors souriant car j'ai des moeurs austères . 

 

  Mes organes sont purs comme ceux des agneaux.

  L'âge les rend peut-être un peu moins génitaux,

  Mais ils sont restés largement urinaires . "