PARC DES BUTTES-CHAUMONT
Parc des Buttes-Chaumont
Sa dénomination proviendrait de la contraction de « Monts Chauves » , appellation qui caractérisait les hauteurs dénudées formant le promontoire le plus occidental des collines de Belleville . occupé par des monticules accidentés , hauts de 80 à 100 mères , surmontés de moulins et percés de deux larges baies servant d'entrée . L'une au chemin de fer de ceinture , l'autre aux plâtrières , dites " d'Amérique " qu'entouraient des fours à plâtre , refuge ordinaire des vagabonds et des mauvais garçons . Ces carrières de gypses creusées après la Révolution s'élevaient à une hauteur de 45 mètres et étaient divisées en en trois galeries superposées d'environ 15 mètres de hauteur . Non loin du parc se trouve la rue des Chaufourniers qui rapelle l'emplacement des fours où était chauffé le gypse afin de le transformer en plâtre . Ce plâtre d'une qualité exceptionnelle était acheminé jusqu'aux Etats-Unis , ce qui a valu le nom " d'Amérique " à un quartier du XIXème . Ce sol miné était parfaitement impropre à toute utilisation , même une fois nivelé .
Carrières des Buttes-Chaumont
Décharge publique où s'élevait jadis le sinistre gibet de Montfaucon que François Villon immortalisa dans sa " Ballade des pendus " , les Buttes-Chaumont servaient depuis le XVIIIe siècle à l'extraction du gypse et à l'abattage des chevaux . C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles la consommation de viande de cheval avait si mauvaise réputation , car l'abattage des chevaux par les équarrisseurs se trouvait dans un quartier de bien mauvaise réputation de la capitale . En 1851, l'ouverture de la rue de Crimée et les terrassements pour les chemins de fer freinèrent considérablement le développement des carrières . Toutefois, en 1863, on y dénombrait encore huit cents ouvriers travaillant à la production du plâtre . Ces siècles d'exploitation avaient conféré à un paysage déjà tourmenté un aspect presque lunaire, entièrement minéral dont les gigantesques anfractuosités rocheuses servaient d'abris aux plus misérables d'entre les misérables . Ce lieu escarpé et inculte servait aussi de bassin d'épuration , où l'on faisait sécher les résidus d'équarissage utilisés pour la fabrication d'engrais . Cet endroit servait également de décharge à ciel ouvert tant pour les cadavres des chevaux que pour toutes sortes d'ordures !!! Certaine parties de ces carrières recélait d'autres richesses moins connues , comme celle de la culuture du champignon de couche et la " barbe de capuçin " ou endive sauvage amère , qu'on culivait encore en 1840 . Les carrières servirent également de sépulture aux cadavres des quelques huit cents fédérés tués au combat ou fusillés pendant la semaine sanglante de la Commune en mai 1871 .
Gibet de Montfaucon Buttes - Chaumont
C'est sur un immense terrain vague de 25 hectares situé entre Belleville et la Villette que le baron Haussmann , préfet de la Seine , et l'architecte paysager Jean-Charles Alphand choisirent de réaliser le plus surprenant des parcs parisiens du Second Empire , celui des Buttes-Chaumont .
Jean-Charles Alphand ( 1817 - 1891 )
Jean-Charles-Adolphe Alphand, né à Grenoble le 26 octobre 1817 et mort à Paris le 6 décembre 1891 , est un ingénieur des ponts et chaussées connu pour son travail d'embellissement de Paris . Après avoir commencé des études au petit séminaire du Rondeau à Grenoble, Alphand s'installe à Paris pour étudier au lycée Charlemagne. Il entre ensuite à l'École polytechnique, puis à l'École des ponts et chaussées . Sous Napoléon III, il participe à la rénovation de Paris dirigée par le baron Haussmann entre 1852 et 1870, en compagnie de son confrère Eugène Belgrand et du jardinier Jean-Pierre Barillet-Deschamps . Jean-Charles Alphand a notamment aménagé : le bois de Vincennes entre 1860 et 1865 , le parc Monceau en 1861 , le parc Montsouris entre 1865 et 1878 , parc créé pour servir de pendant symétrique à celui des Buttes-Chaumont qu'il crée de 1864 à 1867 . On lui doit aussi quelques 24 squares de la capitale ( squares d'Anvers , du Temple , des Batignolles , Camille Chautemps ) . Sous sa direction officie un jardinier paysagiste , Jean-Pierre Barillet-Deschamps ( 1824-1873 ) qui deviendra le premier titulaire de " Jardinier en chef des Promenades et Plantations de Paris " de renommé internationale il intervient dans l'aménagement du Prater à Vienne et des espaces verts d'Alexandrie en Egypte . Il est accompagné d'Édouard André ( 1840-1911 ) jardinier-paysagiste-botaniste .
Parc Monceau Parc Montsouris Square des Batignolles
Après le renvoi d'Haussmann , son successeur , Léon Say confie à Alphand la direction de nombreux travaux importants dans la capitale . Il poursuit à ce titre l'œuvre d'Haussmann et dirige même le service des Eaux à la mort d'Eugène Belgrand en 1878 . Il s'occupe en particulier : des fortifications de Paris et des forts avancés , des Jardins du Trocadéro , réalisés pour l'Exposition universelle de 1878 , il est un des principaux auteurs du règlement d'urbanisme parisien de 1884 , de la préparation de l'Exposition universelle de Paris de 1889. Il repose au cimetière du Père-Lachaise à Paris à la 66ème division .
Jean-Charles Alphand Tombe d'Alphand - Cimetière du Père Lachaise
En choisissant ce lieu pour répondre au désir de Napoléon III d'offrir aux classes laborieuses des poumons de verdure, Haussmann fir appel à Jean-Charles Alphand et Jean-Pierre Barillet pour réaliser des travaux qui allaient durer pendant trois ans, de 1864 à 1867. Ils prirent une telle ampleur qu'il fallut installer une voie ferrée de 39 km de rails , deux machines à vapeur et pas moins de 450 wagonnets pour mener à bien les déblais et les remblais destinés à assainir les lieux et à les transformer en une agréable promenade publique . Cette prouesse nécessita l'aide de 1.000 ouvriers , une centaine de chevaux . On utilisa de la dynamite pour faire sauter la roche . 200.000 m3 de terre végétale et 800.000 m3 de terrassement furent utilisés . Au centre du parc fut creusé un lac de deux hectares , alimenté par trois ruisseaux au milieu duquel s'élance à une hauteur de 30 mètres une masse de rochers escarpés couronnée d'un petit temple . Au milieu de ce lac se trouve une île rocheuse dotée d’une falaise d’environ trente mètres de hauteur, surplombée par le Temple de la Sybille qui domine tout le parc. Cette rotonde de pierre est une réplique d’un temple gréco-romain situé à Tivoli, réalisée par Gabriel Davioud en 1869. On peut y accéder par une petite passerelle suspendue ou un pont de briques et elle offre une vue imprenable sur Montmartre et Saint Denis.
Lac des Buttes-Chaumont
Temple de la Sybille
On accède à cette île par deux ponts , l'un en maçonnerie d'une hauteur de 22 mètres pour une portée de 12 mètres , plus connu sous le nom du " Pont des suicidés " et l'aute suspendu d'une porté de 65 mètres , ou bien par bateaux puis , il faut emprunter le chemin des Aiguilles, escalier de 173 marches taillées dans la roche, pour parvenir au sommet du temple de la Sybille ( réplique du temple de Tivoli à Rome ) construit en pierre du Jura .
Pont des " suicidés "
Le Pont suspendu
L'un des deux ruisseaux artificiels conduisant au lac forme une cascade haute de 30 mètres et tombe dans une grotte de 14 mètres de large et de 20 mètres de haut , à la voûte ornée de stalactites artificiels dont les plus grandes atteignent 8 mètres . Paysage de falaises et de rocailles planté d'essence diverses et rares pour l'époque . Pour alimenter la cascade et les deux ruisseaux, on pompe l'eau dans le canal de l'Ourcq en contrebas .
Grotte du Parc des Buttes-Chaumont
Asséché, le lac des Buttes Chaumont sert de réserve de pétroles et d'essence en vue du siège de Paris . Le 27 septembre 1870 , un terrassier employé à l'enfouissement des fûts provoque un gigantesque incendie en allumant sa pipe .
Parc des Buttes-Chaumont Incendie de 1870
L'inauguration le 1er mai 1867 lors de l'Exposition Universelle fut un réel succès qui valut à Alphand le surnom « d'ingénieur-artiste ». Mais, une fois passé l'attrait de la nouveauté, le parc des Buttes-Chaumont fut délaissé par la population bourgeoise effrayée de la proximité des baraques et des usines de la Villette. Les ouvriers, en revanche, adoptèrent vite ce nouveau lieu réalisé pour eux, sans pourtant respecter les règles élémentaires régissant la vie d'un parc public : les fleurs furent cueillies, les arbustes et les pelouses saccagés tandis que les sapins bourgeonnants étaient dévastés par les amateurs de tisanes pectorales !!! On trouve dans le parc 6 pavillons aux entrées principales . Les constructions des pavillons des gardes et des bâtiments de loisirs ont été confiées à l'architecte de la ville Gabriel Davioud ( 1823-1881 ) déjà auteur de celles du Bois de Boulogne à qui l'on doit en outre l'ancien Palais du Trocadero .
Pavillons des gardes Parc des Buttes-Chaumont
La Petite Ceinture
La mise en service de la ligne de Petite Ceinture précéda de quelques années l’aménagement du parc des Buttes-Chaumont. À l’époque de la construction de la Petite Ceinture , cette zone était une vaste zone de carrières de gypse . La construction du tunnel de Belleville, qui relie le parc des Buttes-Chaumont à l’actuel parc de Belleville, nécessita donc de difficiles travaux de consolidation du sous-sol. Aujourd’hui encore , ce tunnel est surveillé et peut servir de base pour des injections de béton destinées à consolider le sous-sol (comme ce fut le cas en 2003) .
La Petite Ceinture - Tranchée des Buttes-Chaumont
Un kiosque à musique provisoire en toile , sur le Belvédère proche de la grotte , en attendant les travaux de restructuration du parc et la remise en place d'un kiosque semblable à celui d'origine . On trouvé également dans ce parc trois restaurants . Le restaurant " Rosa Bonheur " est installé dans un ancien pavillon réhabilité qui fut un temps l'une des gares de la petite ceinture . Le restaurant le " Pavillon du Lac " ouvert en 1868 a été récemment restauré . Le " Pavillon Puebla " installé dans une ancienne guiguette 1900 , ressuscité par Vincent Cozzoli , nous offre une cuisine inspirée de ses racines italiennes .
Pavillon Rosa Bonheur Chalet du Lac Pavillon Puebla
Dès sa création le parc des Buttes-Chaumont rencontra de nombreux problèmes en raison de la nature de son sous-sol . Des travaux seront constamment effectués afin de la consolider et le restaurer . Après un audit en 1999 il s'avéra que globalement le parc était dans un très mauvais état !!! Des travaux auraient du être entrepris en 2001 . Mais en 2005 on constatait que 4/5 du budget de rénovation avait été consacré à d'autres aménagements de parcs et jardins de la capitale !!! Aujourd'hui un vaste programme de restauration est en cours par la Mairie de Paris . La première phase des travaux concerne le réseau hydraulique et les chemins . Des fuites d'eau sont apparues et cette dernière s'infiltredans le sol constitué de gypse . Ce dernier se dissous et peu à peu provoque des affaissements .
Parc des Buttes-Chaumont
Le fonctionnement des cascades et des ruisseaux du lac datant du XIXème siècle possède l'inconvénient majeur de rejeter de grandes quantités d'eau dans les égouts . Cela ne correspond plus aux normes actuelles et il est nécessaire de réadapter ce système tout en gardant les effets d'eau caractéristiques des Buttes-Chaumont . Il est nécessaire de revoir également le système d'arrosage , la réfection des chaussées , des deux ponts , des trottoirs et de leurs abords immédiats , ainsi que le mobilier et sa disposition . Des travaux qui vont s'échelonner pendant plusieurs années ont été entrepris par la Mairie de Paris pour moderniser ce magnifique parc de l'est parisien tout en lui gardant son âme . De nouvelles aires de jeu pour les enfants ont été mises en services , et l'on trouve toujours les manèges , les balançoires , les chevaux à bascules et les deux théâtres de Guignol . ( Ref . Histoire du parc des Buttes Chaumont - Françoise Hamon ) . Je me souviens très bien , il y a une vingtaine d'années , de l'antique char à bancs , que possédait un charmant vieux monsieur , tiré par un cheval tellement placide qu'il ne bougeait pas même une oreille lorsque les enfants venaient le caresser !!! Qu'est'il devenu .... Peut-être l'apprendrai-je par un de mes lecteurs !!!
Guignols des Buttes-Chaumont
Théatre de Guignol Kiosque à Musique Char à Bancs
Au cours de mes recherches sur l'histoire du Parc des Buttes-Chaumont j'ai découvert qu'un audacieux pilote parachutiste nommé Grandveaux à réussi un saut depuis le Pont des " suicidés " en 1925 !!!
Ne manquez pas de profiter du printemps pour aller découvrir ce magnifique parc de l'est Parisien , il a su garder toute son âme et son charme désuet d'autrefois , malgré les outrages du temps . Vous serez enchantés de votre promenade !!!
En réponse à m'a question , j'ai reçu un très gentil courriel concernant ce charmant vieux Monsieur qui a promené pendant de longues années dans les allées des Buttes-Chaumont des générations d'enfants dans son vieux char à bancs , tiré par son gentil cheval . Je l'en remercie grandement !!!
" En réponse à votre question sur le char à bancs, le vieux monsieur est décédé depuis une dizaine d'année, mais le cheval "Pompon" vit sa retraite paisiblement,quelque part à Rosny sous Bois, en compagnie d'une autre jument "Haidi". Haidi fait chaque WE, le mercredi et tous les jours en periode de vacances, le tour du lac des Buttes Chaumont, en tirant une nouvelle charrette, pour le plus grand plaisir des enfants . "
Martine , "Le Chalet des Gaufres" Parc des Buttes Chaumont