Ancienne usine Panhard-Levassor rue d'Ivry
A l'occasion de l'une de mes promenades dans le XIIIème arrondissement j'ai découvert fortuitement rue d'Ivry les anciens bâtiments , aujourd'hui réhabilités , de l'ancienne usine de construction de véhicules automobiles Panhard - Levassor . Je me propose de vous en faire découvrir la passionnante histoire de cette première usine de construction de véhicules automobiles installée à Paris .
Ancienne usine Panhard-Levassor
En 1867, René Panhard ( 1841-1908 ) , petit fils de breton fit ses études d'ingénieur au collège Sainte-Barbe à Paris , puis il intègre l'école Centrale . Il s’associe Jules Perin, découpeur de bois dans le faubourg Saint-Antoine pour produire des machines à scier le bois et installe ses usines avenue d’Ivry . En 1875, ils produisent un moteur à gaz, mais à la suite du décès de Perin , il sera décoré de la Légion d'Honneur en 1878 . Panhard s’associe à un ingénieur centralien comme lui Emile Levassor . Ce dernier s’est assuré l’exclusivité du moteur à essence Daimler grâce à un ami , ingénieur commercial , Edouard Sarrazin . Panhard issu d’une famille de carrossier s’intéresse donc tout naturellement à la motorisation de voitures hippomobiles . René Panhard , longtemps maire de Thiais , disparaît à La Bourboule où il était en cure le 16 juillet 1908. Il repose dans la chapelle familiale au cimetière du Père Lachaise situé dans la 36ème division . Emile Levassor ( 1843-1897 ) fit ses études à l'École centrale , il est engagé chez Cockerill , en Belgique avant de rejoindre René Panhard . Le 27 septembre 1896 , il est blessé lors d'un accident à Pierrelatte en voulant éviter un chien dans la course Paris-Marseille. Restant fatigué et fragile, il mourut subitement à sa table de dessin . Il est inhumé au Cimetière Saint-Chéron de Chartres .
Panhard et Levassor
René Panhard Sépulture Panhard Emile Levassor
Panhard est donc une marque doyenne de l'automobile , ayant fondée une usine bien avant Mercedes, Peugeot ... Seuls De Dion Bouton , Serpollet et Bollé avaient devancer Panhard , mais uniquement avec des automobiles à vapeur En janvier 1891 sort un véhicule qui réussira un trajet jusqu’à Versailles , puis Etretat. La même année , les constructeurs livrent à des clients fortunés 5 modèles... il semblerait donc que la première voiture commercialisée au monde soit une sorte de fiacre propulsé par deux cylindres en V de 817 cm3 atteignant des pointes à 16 km/h ! Mais le génie de Levassor - Panhard est de révolutionner la conception architecturale du moteur : au lieu de placer le moteur au centre ou à l’arrière , il est le premier à disposer le moteur à l’avant , devant l’embrayage .
Phaétons Panhard et Levassor
L’essor de la marque est également étroitement lié à la compétition automobile. 1ere course au monde : Paris-Bordeaux-Paris en mai 1895, remportée par Emile Levassor. Par la suite, les constructeurs remporteront des courses importantes : Monte-Carlo, les Mille miles, le tour de France .
Voitues de courses Panhard-Levassor
La marque va acquérir une solide réputation ; elle devient célèbre dans le monde entier pour des voitures robustes , puissantes, luxueuses et chères . Innovatrice, la marque soit en 1936 la première Panhard aérodynamique, sous le crayon de Louis Bionier ; elle sera le flambeau de la marque avant la guerre . C'est à lui que l'on doit , en outre , la célèbre " Dyna Panhard " restée dans toutes les mémoires !!!
Panhard et Levassor de luxe
La célèbre " Dyna Panhard "
Des dizaines de milliers d’automobiles seront donc fabriquées dans le 13e arrondissement , avenue d'Ivry , où les usines emploieront jusqu’à 6.000 personnes . Ces usines ouvertes en 1891 constituaient un triangle d'ateliers, coincé entre l'avenue d'Ivry, la rue Nationale et les voies ferrées de la petite ceinture en bordure de la rue Regnault, témoin de l'immensité des Usines Panhard-Levassor .
Usines Panhard-Levassor avenue d'Ivry
A partir de 1919 , après la guerre durant laquelle la société concourut très activement à l'effort demandé aux industries modernes , Panhard développe également une grande gamme d'utilitaires : elle y ajouta la production de camions essence, diesel ou gazogènes , d’autobus , de moteurs pour autorail ou pour avions , et de quelques véhicules blindés légers pour l'Armée , tout en conservant la fabrication des machines à bois . Les camions Panhard étaient d’excellents produits malheureusement desservis par un réseau peu étoffé et des tarifs nettement supérieurs à ceux des marques concurrentes . Ce faisant , elle n'opérait pas le grand tournant vers des voitures plus populaires , permettant une production de série , comme le faisaient ses trois concurrents , Renault , Citroën et Peugeot , qui allaient, dès 1930 , représenter les trois-quarts des voitures de tourisme produites en France .
Camions Panhard
Les autobus parisiens Panhard
De la fin des années 20 à la seconde guerre , Renault eut pratiquement le monopole du marché des autobus parisiens . Toutefois à partir de 1934 Panhard réussi à obtenir quelques commandes . Le premier de ces autobus Panhard le " K 63 A " à jante à voile plein sortira en 1934 , suivi un an plus tard du " K 63 B " jantes " artillerie ". Ces autobus circuleront jusqu'en 1952 . En 1935 la société Panhard livrera à la S.T.C.R.P une dizaine d'autobus de " petite capacité " " Zuroc " qui pouvait accueillie 26 passagers . En 1937 deux nouveaux modèles d'autobus Panhard verront leur apparition les " K 63 C " à Paris et les " K 63 D " en banlieue .
Panhard K 63 D Panhard K 63 B Panhard ZUROC
En 1950 la société SOMUA ( Société d'Outillage Mécanique et d'Usinage d'Artillerie ) , constructeur français de véhicules blindés, d'autobus et de motoculteurs créée en 1914 à Saint-Ouen , division de la société Schneider du Havre , construira pour la RATP une série de 301 autobus Somua-Panhard de type OP 5 équipés d'un moteur Panhard 6 cylindres de 100 ch qui permet une vitesse maxi de 55 km/h . C'est le premier autobus parisien à caisse complètement fermée offrant un plus grand confort tant pour les voyageurs que pour le machiniste . il sera également pourvu d'un poste fixe situé à l'arrière pour le receveur . Ces autobus circuleront sur les lignes de la RATP jusq'en 1971 .
Autobus Somua-Panhard OP 5
Après la Seconde Guerre Mondiale, les Trente Glorieuses signent le début de la production de masse avec des modèles plus abordables et célèbres comme les Dyna concept de voiture "minimum") , les PL 17 (toujours de Louis Bionier, avec un moteur Tigre très envié) , dont la fameuse Relmax , les coupés 24 , très élégants et originaux et le cabriolet junior (produit jusqu’en 1956) . On les identifie très bien dans bon nombre de vieux films français. Mais le manque de moyens financiers et la relative modestie de la gamme vont finir par handicaper Panhard et Levassor.
" PL 17 " Panhard " Relmax " Panhard " Coupé 24 " Panhard
Affiches publicitaires Panhard
Modèles réduits " Dinky Toys " Panhard
Revue Collectionneur et Chineur
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En 1965, l’absorption par Citroën est inévitable . Malheureusement, l’acquéreur se révélera exécuteur et stoppera la production dès 1967. Dès lors, Panhard va se concentrer sur la production de 2 CV fourgonnette et de véhicules militaires . Encore aujourd’hui , la marque propose une quinzaine de véhicules militaires légers dont la commercialisation marche très bien , conflits oblige , mais c’est une aventure toute différente . Ces chars et ces véhicules blindés sont construits dans l'usine Panhard de Marolles en Hurepoix dans l'Essonne . Le 12 juin 2013 Jean Panhard , le dernier patron de la marque avant son rachat fête ses 100 ans à Crécy-la-Chapelle , où il réside .
Véhicules militaires Panhard
En vous promenant autour du triangle formé par la rue Nationale, l’avenue d’Ivry et la rue Regnault, vous longerez ce qui subsiste des anciennes usines Panhard et Levassor . L'ensemble a été transformé partiellement en bureaux en 2008 , siège de la société AREP . L'opération actuelle achève la transformation. « Les trois angles du triangle sont traités en brique à hauteur des façades existantes, en continuité avec l'ordre monumental des ateliers , et en métal au-dessus, pour un registre de couronnement en cuivre inspiré des capotages automobiles » .
Réhabilitation du site des anciennes usines Panhard
Le Square Alexandre et René Parodi
Dans le petit Square Alexandre et René Parodi ( tous deux résistants et Compagnon de la Libération ) situé près de la porte Maillot, entre le boulevard de l'Amiral-Bruix et le boulevard Thierry-de-Martel se trouve un monument érigé en l'honneur d'Emile Levassor Constant (1843-1897) , l'un des pionniers de l'industrie automobile et sport automobile . Ce monument, financé par une souscription publique , avait été offert à la ville de Paris . Dalou avait modelé l'esquisse du monument , mais mourut avant sa réalisation qui fut exécutée selon les plans de l'artiste par Camille Lefèvre . Le monument a été inauguré le 26 Novembre 1907 à l'entrée du Bois de Boulogne , mais il a été déplacé en 1972 de sa place actuelle lors de la construction du boulevard périphérique . La sculpture a été conçue par le sculpteur Jules Dalou et exécuté par l'artiste Camille Lefèvre . Elle montre Levassor conduisant la voiture conçue par lui avec lequel il avait participé et remporté le rallye Paris-Bordeaux-Paris en 1895 , mais il fut disqualifié , sa voiture n'étant pas une 4 places comme le requérait le règlement . En 1932 , la ville de Paris ouvre dans le 13ème arrondissement la rue Émile-Levassor afin d'honnorer sa mémoire .
Square Alexandre et René Parodi
Ne manquez pas lors de l'une de vos prochaines promenades d'aller visiter ce petit square afin de rendre hommage à un des pionniers de la construction d'automobiles françaises , doublé d'un grand champion . C'est à Emile Levassor que l'on doit la naissance du sport automobile en France .