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LE PIETON DE PARIS
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20 janvier 2009

LA GALERIE VÉRO-DODAT

    Si les parisiens connaissent bien les passages couverts des Grands Boulevards comme , la Galerie Vivienne , la Galerie Colbert , le Passage des Panoramas , le Passage  Brady etc. , peu connaissent la Galerie Véro-Dodat , qui semble tout droit sortir d'un roman de Balzac . Il est la caractéristique même des opérations immobilières spéculatives de la Restauration .

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    Le passage Véro-Dodat , voie privée , a été ouvert en 1826 . Il occupe l'emplacement des dépendances de l'hôtel Quatremer . Dreux d'Aubray y fit construire son hôtel particulier . Dreux d'Aubay ( Messire Dreux d'Aubray , conseiller du Roi et lieutenant civil de la ville , prévôté et vicomté de Paris , sous la régence d'Anne d'Autriche ) . Il  fut empoisonné en 1666 ( ainsi que ses deux fils en 1670  ) par sa fille , la célèbre  Marquise de Brinvilliers  , exécutée en 1676 après un long procès au cours duquel elle se refuse , même sous la torture ,  à tout aveu . L'Hôtel fut vendu en 1671 au trésorier Jean Dalliez qui le vendit à son tour en 1675 au secrétaire du Roi Antoine Pélissier . Après la mort de celui-ci en1696 il appartint à la femme du riche trafiquant Paul Poisson . Puis il appartiendra successivement à Piager de La Brosse en 1709 , à son petit- fils le Marqui de Vérac en 1750 , au Fermier Général du Haudry en 1755 et enfin au notaire de Quatremer en 1774 et à sa fille en 1800 .

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                LA MARQUISE DE BRINVILLIERS

   Benoît Véro charcutier rue Montesquieu achète l'hôtel en 1823 . Il le fait raser pour édifier avec son associé Dodat , charcutier rue du Faubourg Saint-Denis , la maison et le passage actuel  qui relie la rue du Bouloi à la rue Jean-Jacques Rousseau entre le Palais-Royal  et les Halles. Ils firent construire une galerie néo-classique . Les devantures de ce passage   en grande partie vitrée associent le bois sombre avec des ornements  en cuivre et fonte qui forment des arcades en  plein-cintre avec des miroirs , des peinture , des colonnes . Un sol pavé d'un damier de marbre noir et blanc avec un plafond de faible hauteur ( décoré de peintures de paysages ou de déesses antiques  ) donne une illusion de profondeur , le tout  étant éclairé avec des globes de lumière . Ce passage sera un des premiers endroits de la capitale éclairé au gaz . Il offrait un raccourci plaisant entre ces lieux alors très fréquentés et fut rapidement adopté par les parisiens ( la rue du Colonel-Driant ne fut percée qu'en 1915 ) . Cette galerie doit aussi son succès à la boutique des " Messageries Lafitte et Gaillard , située face à l'entrée de la galerie Véro-Dodat rue Jean-Jacques Rousseau . Les voyageurs qui attendent leur diligence  ( qui desservent la France entière ) , vont flâner parmi les magasins à la mode . Les messageries Lafitte et Gaillard concurrencèrent très sévèrement  les messageries Royales qui possédaient le monopole du transport  des passagers pour toute la France . Ce quartier était devenu l'un des principaux lieux d'où l'on quittait Paris . L'animation créée par les voyageurs était présente dès cinq heures du matin !!! Les boutiques s'ouvraient attirant la clientèle des voyageurs en instance de départ . Parmi elles , la boutique de Mr Bontoux , célèbre traiteur parisien , dont la renommée se fit dans le passage grâce à la beauté de sa caissière .  Mais aussi l'imprimeur Aubert qui vendait les célèbres journaux  " Le Charivari " et la " Caricature " . Les dessins de Daumier , Gavarni , Cham ou Grandville attiraient une double haie de curieux à la devanture du magasin surtout pendant les premiers moments du gouvernement de 1830 .

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    A l'entrée de la galerie se trouvait le pittoresque " Café de l'Époque " qui fut fréquenté jusqu'en 1855 par le poète Gérard de Nerval . La jeune comédienne Rachel habitera au n°23 de la galerie en 1836 . Le second Empire et la disparition des Messageries Lafitte et Gaillard ( due en grande partie à l'apparition du chemin de fer puis de l'automobile ) marquèrent le déclin de la Galerie . l'imprimeur Aubert disparut et fut remplacé par un marchand de malle 

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  Le galerie fut restaurée dans les années 1980 , ce passage continue à fasciner les promeneurs . Aujourd'hui parmi les nombreuses boutiques très élégantes d'ameublement , de décoration , de galerie d'art et de livres anciens on peut  citer :au n°19 l'excellent restaurant " Le Véro-Dodat " où l'on déguste pour un prix modique une cuisine d'excellence que j'ai tout particulièrement apprécié , au n°23 celle de Robert Capia spécialiste de poupées anciennes au désordre savamment agencé , au n° 35 une brasserie , au n° 36 l'atelier de Christian Laboutin créateur de souliers . Offrez vous une petit retour dans le temps passé , allez flâner dans cette galerie d'une autre âge  !!!

 

 
    

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Commentaires
M
Desde Argentina: gracias por este artículo. Tengo gran admiración por los pasajes cubiertos de Paris
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C
Merci pour cet article riche et très agréable à lire. J'adore ce lieu que j'emprunte dès que possible. Dans cette atmosphère délicatement surannée on s'éloigne des turpitudes de la ville et cela fait énormément de bien. Merci pour cette évocation élégante, à l'image de ce passage parisien. Je vous souhaite une belle nuit. Cendrine
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