COUR DE ROHAN
Cour de Rohan
Aujourd'hui je me propose de vous faire découvrir un des petits passages les plus secrets de Paris : la cour de Rohan . Ce passage constitué en fait de trois courettes successives et ô combien chargé d'histoire , est un endroit délicieux , totalement hors du temps , un vrai havre de paix situé en plein Paris , non loin de l'agitation permanente du boulevard Saint-Germain . Il est formé d’une succession de trois courettes . Il est attribué faussement aux archevêques de Rouen car il était situé proche du palais où étaient logés les prélats provenant de la ville normande de Rouen . Son nom vient d’une altération du mot Rouen en Rohan . Au Moyen Âge il était utilisé comme voie de passage lorsque le roi Philippe Auguste traversait ce quartier . A l'origine c'était un cul -de-sac ouvrant sur la rue de l'Eperon , dont une partie avait été absorbée en 1866 Par la rue du Jardinet actuelle . Son extrémité se heurtait au rempart de Philippe Auguste dont le tracé suivait le côté oriental de notre Cour du Commerce Saint-André . Une brèche faite dans ce mur vers 1791 , mit le cul-de-sac en communication avec cette cour . On peut d’ailleurs apercevoir encore des vestiges du mur de l’enceinte de Philippe-Auguste dans la première courette . On y accède soit par la cour du Commerce Saint-André ou par la rue du Jardinet .
Enceinte de Philippe Auguste ( en bleu )
Cour de Rohan Cour de Rohan au XIXème siècle
Entrée de la cour de Rohan
Première courette
Après avoir franchi la grille d’entrée située rue du Commerce Saint-André , en face l'arrière du café " Procope " , on accède à la première courette où l'on peut admirer des petits immeubles ombragés et entourés de verdure , certains avec de petites terrasses très agréables . Sur l'une d'elle on peut encore voir un fragment de l'enceinte de Philippe Auguste qui traversait ce passage . C’est dans l’un d’entre eux que se trouve l’ancien atelier de Balthus , peintre d'origine polonaise du XXè siècle . Il a été surnommé le Roi des chats, car la plupart du temps, sur ses œuvres , figure un chat au premier plan . Un escalier extérieur en pierre permet d’accéder à l'appartement et à l’atelier du peintre , ce qui ne manque pas d’ajouter un charme incontestable à cette cour . En passant sous le porche qui conduit à la seconde cour , on peut encore voir , les deux grosses bornes destinées à la protection des murs lors du passage des voitures ( chasse roues ) .
Cour de Rohan 1ère courette
Deuxième courette
La seconde courette est la plus petite . Elle donne la sensation d'être un peu écrasé entre ces bâtiments . On est surpris par ce magnifique hôtel du XVIè siècle , dont la hauteur des fenêtres est impressionnante . Les briques agrémentant les façades participent de l’aspect cossu de cette élégante demeure . Cet hôtel à été construit pour Diane de Poitiers en 1550 , alors maîtresse du roi Henri II , le second fils de François Ier .
Hôtel de Diane de Poitiers
Dans cette seconde courette subsiste une curiosité : le dernier « pas-de-mule » de Paris , montoir en fer forgé qui servait aux dames , aux abbés et aux vieillards pour se hisser sur leur monture . Notez qu'il y a dans le troisième arrondissement de Paris une rue du Pas de la mule .
" Pas de mule "
Troisième courette
Cette dernière courette aboutit à la petite rue du Jardinet, ainsi nommée depuis le XVIè siècle car à proximité du jardin de l'ancien Hôtel de Vendôme en 1441 . Ses constructins de style Louis XIII de brique et de pierre, sont agrémentées , à gauche dans un renfoncement , d'un puits équipé de sa margelle à gargouille et d'une poulie à côté de la plaque indiquant le nom de la cour . Dans les années d'après-guerre, Georges Bataille y organisa des fêtes, auxquelles participèrent Sartre, Simone de Beauvoir et Albert Camus . C'est aussi dans cette courette que naquit en 1835 le musicien Camille Saint-Saëns .
Cour de Rohan
Cour de Rohan au XIXème siècle
Ne manquez pas lors de l'une de vos prochaines promenades d'aller visiter ce petit passage plein de charme et de tranquillité ! Attention il n'est pas ouvert le dimanche . Profitez en pour découvrir le passage de la cour du Commerce Saint-André si riche en souvenirs de l'époque Révolutionnaire . C'est dans ce petit passage que Danton habita au n°1 , Marat imprimera son journal , l'Ami du peuple , au n° 8 . Le charpentier allemand du nom de Schmidt mettra au point la guillotine dans son atelier du n° 9 . Enfin le célèbre café " Procope " fondé en 1689 parFrancesco Procopio dei Coltelli , qui sera dès 1792 un "foyer révolutionnaire" fréquenté par le club des Jacobins et celui des Cordeliers .